Quand le parc municipal remplace l'église paroissiale
Lieu pour se souvenir, lieu pour se reposer, lieu pour réfléchir, telle était l'église paroissiale dans le passé.
Par Lionel Émard, prêtre [07/08/2019]
Parfois, de la fenêtre du presbytère où je demeure, il m'arrive de voir des personnes errées sur le perron de l'église, vérifiant si l'une des portes est débarrée; quand je vois cela, cette phrase de la Parole de Dieu me revient : « Jésus eut pitié de la foule, parce qu'elles étaient comme des brebis sans berger. » (Mc 6, 34)
Quand je le peux, je leur ouvre la porte ; les mots qui viennent souvent de leur bouche : C'est ici que mes parents ont été baptisés, se sont mariés. Dans le roman Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy, il y a une page où l'auteure raconte cette scène touchante: « À la droite de Rose-Anna, se dressait l'église de Saint-Thomas d'Aquin. Parce qu'elle était fatiguée et qu'elle éprouvait le besoin de s'asseoir, de réfléchir, elle y entra et, à l'arrière de la nef, se laissa choir sur le premier banc. » (Éditions Pascal 1945, vol. 1, p133). Lieu pour se souvenir, lieu pour se reposer, lieu pour réfléchir, telle était l'église paroissiale dans le passé; aujourd'hui, où les gens trouvent-ils un tel lieu ?
Heureusement, ici à Yamaska, j'ai noté un tel lieu. Souvent, sur le bord de la rivière ou dans le parc J.-B.-St-Germain, aménagé par la Municipalité, j'y vois des gens seuls assis, sans doute, comme Rose-Anna de Bonheur d'occasion, pour se reposer, ou réfléchir. Le parc municipal a remplacé l'église paroissiale.
Ces lieux sont des lieux de gratuité ; ils doivent le demeurer pour la raison très simple que l'être humain n'est pas seulement une machine à produire, il est aussi « un dieu tombé qui se souvient des cieux. » (Lamartine)