Les quatre temps de ma vie, un récit autobiographique de Jacqueline Simoneau-Yergeau
Une femme engagée et active dans la société québécoise en plein changement.

PHOTO JOCELYNE HAMEL
Par Alain Dubois [13/10/2022]
Il y a différentes façons de décrire les différents âges de la vie, et l'une d'entre elle consiste à la subdiviser en quatre parties: l'enfance, la jeunesse ou adolescence, la vie adulte et la vieillesse. Pour Jacqueline Simoneau, qui épousa le bijoutier Yvon Yergeau, la vie adulte s'est vécue à Pierreville puisque comme l'adage le dit si bien « Qui prend mari, prend pays ».
Les quatre temps de ma vie, c'est l'autobiographie de Jacqueline Simoneau-Yergeau. C'est un peu comme un cadeau qu'elle fait en léguant à ses enfants et petits-enfants ce condensé de quelque 600 pages sur sa vie, tout autant pour ceux qui ont eu l'occasion de la côtoyer alors qu'elle élevait sa famille, entre autres chose, au coeur du village de Pierreville pendant la période 1966 - 2010.
Comment condenser toutes ces pages en quelques lignes? Impossible. Et pourtant elle a dû s'astreindre à faire le tri et laisser de côté le quart de ses textes. On n'est pas dans le récit historique mais dans l'émotion comme le dirait l'auteure. Bien fait pour les lecteurs qui pourront y voir d'une toute autre façon cette période pas si lointaine, qu'on appelle la révolution tranquille, vécue par une personne qui à sa façon aura participé à façonner cette époque charnière de l'histoire québécoise.
Née dans la paroisse de Beaumont dans les Cantons de l'Est en 1941, Jacqueline vit ses premières années comme la plupart des gens des campagnes. Famille nombreuse, école de village où les enfants de tous âges sont rassemblés dans la même salle. Heureusement pour elle, son goût de savoir, sa capacité d'apprendre et les bons mots d'une enseignante feront en sorte qu'elle pourra poursuivre ses études pour devenir une « maîtresse d'école » à son tour. Comme la vie à la maison familiale est difficile compte tenu d'un climat toxique instigué par un père jaloux et violent, elle finira par quitter l'endroit de son enfance comme ses sœurs mais pas en prenant époux.
D'autres études seront nécessaires pour qu'elle puisse passer du titre de maîtresse d'école à celui d'enseignante, métier qu'elle exercera dans la région qu'on appelle aujourd'hui Laval. Elle prend conscience de l'écart du traitement qui existe entre les hommes et les femmes dans l'enseignement et elle revendique des changements, c'est le début des mouvements syndicaux. À cette période, comme elle est célibataire et salariée, elle peut se permettre ce qu'une femme à la maison ne pourrait rêver sans la permission d'un époux. Après quelques années d'enseignement aux adolescents, c'est par le truchement d'une collègue de travail qu'elle fera la rencontre de l'homme de sa vie, le bijoutier et horloger Yvon Yergeau.
Dès son arrivée à Pierreville au cours de l'été 1966, aucun plan ne tiendra la route. Pas de chance pour l'enseignante, on est à l'époque où il faut voter du bon bord pour obtenir un emploi. Rapidement elle donnera la vie au premier de ses trois enfants et entre les présences derrière le comptoir de la bijouterie, elle s'impliquera au sein d'organismes d'aide aux personnes dans le besoin. Ironiquement, après avoir été impliquée dans les mouvements syndicaux, sa vie professionnelle sera remplie constamment de temps d'attente entre les contrats d'enseignement et de formation obtenus à la pige. Les gens du coin se souviendront de deux événements en particulier qui ont frappé la famille Yergeau, un feu et l'enlèvement de son époux à la suite d'un vol perpétré à la bijouterie.
Suite au décès de son époux le 18 juin 2008, et comme ses enfants ont quitté le nid familial depuis belle lurette, elle prend la décision de vendre la maison et d'emménager à Trois-Rivières non loin de sa fille Annie. Depuis elle prend soin de ses enfants et petits-enfants tout en continuant de se rendre à l'Université des ainés pour le plaisir d'apprendre. C'est d'ailleurs lors de l'une de ces formations que l'idée d'écrire son autobiographie naît.
Bien qu'elle ne traîne plus son bureau dans la valise de son auto, Jacqueline va toujours de l'avant et elle ne compte pas les heures comme les gens de sa génération. Édité à compte d'auteur, son livre consiste en une brique subdivisée en une multitude de petits chapitres. Cependant, la forme des caractères choisie tient compte que « l'auditoire cible qui est rendu à un âge où ils ont tous eu une intervention pour les cataractes », affirme-t-elle avec humour. Heureusement pour moi ce n'est pas encore le cas, et j'ai vraiment apprécié ces quelques heures de lecture qui m'ont fait voir un autre côté de notre histoire, selon la vision d'une personne qui aura interagit avec un grand nombre de gens bien ordinaire... comme nous.
P.S. Si vous désirez vous procurer un exemplaire de Les quatre temps de ma vie, il suffit de communiquer avec l'auteure via courriel à l'adresse: jacqueline.yergeau@cgocable.ca